Anniversaire Mathilde

Auteur : Nouvelle- 160

Je m'appelle Mathilde REBSOMEN.

J'ai fêté mes 16 ans dimanche dernier, le 14 juin 1865.

Mes parents Yves et Françoise m'ont fait une surprise pour que ce jour reste une date mémorable dans ma vie de jeune fille avec des rêves d'avenir.

Maman a préparé ma jolie robe blanche, celle avec des rubans roses sur les manches avec des souliers assortis.

Je vais ainsi faire honneur à mes parents qui sont également habillés comme pour aller à la messe.

Maman qui est couturière aime bien m'habiller comme ses clientes fidèles.

Papa n'est pas souvent à la maison car il travaille comme gardien au port de la Lune à Bordeaux.

Aujourd'hui il est très fier d'accompagner les deux femmes de sa vie dans son beau costume.

Levés de bon matin, il nous faut se presser vers la gare Saint Jean où je découvre la surprise qui m'est réservée. Nous partons pour la journée découvrir la ville d'Arcachon.

J'en rêvais depuis longtemps car toutes mes amies m'en parlaient, je vais enfin découvrir la cité dite des plaisirs.

Pendant le voyage de deux heures, je ne cesse d'admirer les pins qui défilent et je compte les nombreux arrêts entre Bordeaux et Arcachon.

Il fait déjà chaud en cette belle journée de début d'été même si l'air du Bassin rafraichit déjà un peu l'atmosphère.

Nous ne parlons pas beaucoup avec les parents car le bruit des wagons sur les rails couvre nos paroles.

On vient d'annoncer notre arrivée à Arcachon, les voyageurs s'agitent. Je suis trop impatiente de découvrir cette ville nouvelle dont on vante les charmes sur de nombreuses affiches publicitaires à Bordeaux.

La gare d'Arcachon aux murs roses est particulièrement charmante.

Maman et Papa avaient préparé le programme depuis longtemps et si nous voulions tout voir, il ne restait pas une minute à perdre.

Dès notre arrivée, direction la plage en prenant l'avenue devant la gare. Nous voilà rapidement devant le château Deganne construit récemment. Mieux que dans les contes de fées cette magnifique bâtisse avec six tourelles couvertes d'ardoises bouche la vue sur le Bassin que je suis impatiente de découvrir.

En arrivant sur le sable je dévore du regard la plage d'Eyrac avec son embarcadère à pinasses.

Je voudrais tant pouvoir me baigner mais Maman s'y oppose, nous n'avons ni le temps ni la tenue recommandée pour se rafraichir.

Papa pour me faire plaisir m'accorde un bain de pieds sur le bord de la plage au milieu des algues et des coquillages.

Un jeune homme à la carrure athlétique avec un maillot de corps MAÎTRE DE NATATION me propose son bras pour faire quelques pas avec l'eau aux chevilles et la robe relevée.Son regard et son beau sourire me charment et me plaisent beaucoup.

Mon père contrarié par cette étape imprévue, me fait presser le pas car nous sommes attendus au Buffet Chinois pour un repas d'anniversaire qui se doit d'être inoubliable.

A côté de la gare, le buffet chinois accueille dans de nombreux salons richement décorés.

Tous les visiteurs sont curieux de découvrir les spécialités locales revisitées à la mode chinoise.

En entrée pâté impérial aux crabes du bassin, puis du riz cantonnais aux palourdes, suivi de canard laqué au miel des Landes et en dessert le nougat glacé de l'impératrice. J'ai tout mangé avec gourmandise sous le regard ravi de mes parents qui trouvent que j'ai toujours un appétit d'oiseau.

Le programme qui nous attend ne nous autorise pas de traîner car au menu de l'après-midi est prévu la visite du parc Mauresque et de l'observatoire Sainte Cécile. Lieu particulièrement appréciée par la bourgeoisie locale.

Le Casino Mauresque qui domine la ville du haut n'est accessible qu’après une montée fatigante après notre repas gargantuesque.

Arrivés au sommet la vue est magnifique sur les toitures des maisons de la ville d'été avec le Bassin à perte de vue.

Le casino avec ses trois étages et deux gros bulbes bicolores est imposant avec une imposante et majestueuse architecture.

Pris par le temps nous parcourons d'un pas rapide le magnifique parc où déambulent de nombreux couples bien habillés, les dames s'abritant sous des ombrelles autant pour se protéger du soleil que pour paraitre plus élégantes.

Dans le parc, des enfants courent en poussant des cerceaux, d'autres sont fascinés devant le spectacle de guignol.

Les parents assis sur des chaises écoutent l'orchestre qui joue des airs de musique sous un kiosque un peu en retrait de toute cette agitation.

J'ouvre des grands yeux devant la beauté de ce lieu qui fait partie de la Ville d'Hiver, un quartier qui est un paradis sur terre.

L'heure tourne, pas le temps de boire un chocolat chaud, il nous faut redescendre vers la gare avant un dernier crochet par l'observatoire où l'on peut apercevoir au loin les cabanes Tchanquées construites pour veiller sur les parcs ostréicoles de l'impératrice.

Grand Père souffrant d'insuffisance respiratoire, son docteur lui a conseillé de venir en traitement à Arcachon mais il n’a pas les moyens de se l’offrir.

J'avais dit à mes parents que je voulais devenir infirmière ce qui leur avait donné l'idée de me faire découvrir Arcachon ville réputée pour ses traitements respiratoires.

On prédisait un grand avenir à cette ville au doux climat avec de nombreux centres de soins en création. C'était l'occasion d'aller voir sur place si mon avenir devait s'inscrire dans cette voie.

Le train est reparti à l'heure, nous étions courbatus mais avec plein de belles images dans la tête.

Les miennes restant sur le maître-nageur…

Papa s’endormi malgré le bruit quand Maman se risqua à me poser cette question :

« Mathilde maintenant que tu dois penser à ton avenir, veux-tu toujours devenir infirmière et t'occuper des insuffisants respiratoires comme Grand Père ?Il y aura du travail à Arcachon et ce serait merveilleux si tu pouvais un jour faire ta vie dans une si

belle ville »

-« Maman je vous remercie pour cette magnifique journée d'anniversaire et je sais que je veux travailler en aidant les autres. Notre docteur m'a dit que j'étais encore bien squelettique pour mon âge et qu'il serait appréciable que je puisse faire des bains de mer. Il connait bien le médecin général des bains d'Arcachon et pourrait peut-être me recommander à lui. »

ÉPILOGUE

Six mois plus tard Mathilde trouva un emploi à l'HOTEL DES BAINS un établissement situé en bord de mer.

Ses parents Yves et Françoise vinrent régulièrement à Arcachon avec Grand père qui respire beaucoup mieux sous les pins.

Françoise grâce à sa fille a découvert les bains chauds et Yves pratique la pêche à la palourde sur les plages du Mouleau.

Quant à Mathilde elle a appris à nager grâce au beau maître des Bains celui au sourire charmeur et au joli maillot de bain.